Éditorial

 Populaire ? Vous avez dit Université Populaire ?

Depuis quelques années, des universités populaires fleurissent en Wallonie et à Bruxelles. Souvent soutenues par les autorités publiques, elles sont une réponse concrète aux politiques promues par l’Union européenne de la nécessité de formation tout au long de la vie. L’idée est cependant loin d’être neuve : le mouvement ouvrier, depuis sa création au 19e siècle, porte le combat en faveur de la démocratie culturelle (notamment en réclamant l’instruction obligatoire) au même titre  que l’obtention de droits politiques, économiques et sociaux. C’est une des raisons de son investissement dans ce courant d’éducation populaire alliant souvent des solidarités interclasses.

L’université populaire plonge ainsi ses racines dans l’histoire sociale. Prenant des formes multiples, les universités populaires naissantes poursuivent alors les mêmes objectifs d’émancipation et d’accès à la citoyenneté pour le monde ouvrier. Chaque pilier, qu’il soit socialiste, démocrate-chrétien ou libéral, développe ainsi ses propres initiatives avec plus ou moins de succès et de manière plus ou moins durable.

Aujourd’hui, les universités populaires, qui ont connu de nombreuses mutations par rapport à leurs objectifs initiaux, soutiennent une démarche de formation continue dans l’esprit de construction d’un savoir réflexif.

Ce numéro de Dynamiques consacré aux initiatives d’éducation ouvrière lancées au 19e siècle et au début du 20e siècle, propose de renouer le fil de l’histoire entre les expériences pionnières et les projets contemporains. À travers l’étude de quelques exemples, nous invitons le lecteur à découvrir la philosophie qui les sous-tend à une époque où pour de nombreux individus « il est impossible de comprendre qu’une université puisse être populaire. (…) Ces deux mots jurent de se trouver juxtaposés. Cette opinion provient de ce que les universités sont ordinairement des instituts d’études supérieures, accessibles aux seuls jeunes gens ayant subi une longue préparation dans des établissements d’enseignement primaire et moyen. On ne conçoit pas qu’il puisse y avoir une université pour le peuple.»[1] Outil de transmission des savoirs ou levier d’émancipation, les universités populaires ont ainsi contribué à écrire une page de l’histoire de l’éducation des adultes et à s’inscrire dans le combat pour l’accessibilité de l’enseignement pour tous.

[1] MARINUS, A., Les Universités Populaires, Bruxelles, 1909.