Michel Capron : Dévoiler les stratégies capitalistes, une arme pour la classe ouvrière

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Marie-Thérèse COENEN (historienne au CARHOP)

Dans ce numéro de Dynamiques, consacré à l’histoire d’une entreprise par les militant.e.s, notre contribution dessine le portrait d’un intellectuel qui s’est mis au service de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier[1]. Michel Capron est un économiste qui s’est imposé comme expert de l’industrie wallonne et en particulier la sidérurgie, la métallurgie et la verrerie. Il est un observateur au long court, de l’évolution de la concertation sociale et des conflits sociaux. Ses domaines d’expertise sont étroitement liés à ses convictions profondes et ses engagements militants : la maîtrise des logiques à l’œuvre dans le capitalisme industriel mondialisé est une arme pour les travailleurs. Pour Michel Capron, il faut rééquilibrer les forces en présence, voire les renverser en faveur de la classe ouvrière. Il s’y attèle dès les années 1970 au sein de la Ligue révolutionnaire des travailleurs (LRT) dans un premier temps, ensuite et en parallèle dans l’engagement militant syndical et régional à travers divers mandats, et, après 2000, dans ECOLO. Par la plume, il communique ses observations et ses analyses sur les stratégies mobilisées par les groupes patronaux. Ces informations souvent occultées par le grand capital doivent permettre aux acteurs de la première ligne, c’est-à-dire les travailleurs et travailleuses, de se positionner, non pas uniquement de manière défensive, mais offensive en revendiquant leur place dans les décisions qui les concernent. Les ACEC, cette grande entreprise des fabrications métalliques avec son implantation à Charleroi, sa ville d’adoption, est dans sa ligne de mire.

Une ligne de vie militante

Portrait de Michel Capron issue de son faire-part de décès, 2012, collection privée.

Michel Capron est né le 25 octobre 1940, à Baasrode (en français Baesroode) en Flandre orientale où son père travaille comme ingénieur chimiste dans l’industrie textile. Sa mère, sans profession, est une femme pieuse. Pour des raisons professionnelles, la famille déménage en France où Michel décroche en 1959, un baccalauréat en philosophie. Il poursuit ses études et sa vie professionnelle en Belgique.

    • Un engagement religieux

De 1959 à 1971, Michel Capron fait son noviciat dans la Compagnie de Jésus, à Arlon et suit une licence pontificale en philosophie. Son supérieur l’envoie faire une licence en Sciences économiques et sociales aux Facultés Notre-Dame de la Paix, à Namur où il opte pour la spécialisation en économie d’entreprise[2] qu’il prolonge en 1969-1970 avec une maîtrise en sciences économiques.

Durant son noviciat, il fait entre autres un stage à l’Hospice de Bertrix. Un autre stage de deux mois (mars-avril 1961) l’amène à l’usine Espérance Longdoz, à Seraing où il est occupé aux archives et, en atelier, au nettoyage des pièces. Il côtoie des travailleurs fortement marqués par les grèves contre la loi unique (décembre 1960 – janvier 1961). À Flémalle où il aide le curé, il fait la connaissance de Jef Ulburghs[3], aumônier des œuvres sociales à Seraing qui lui fait une forte impression.

À la fin de sa licence, son supérieur l’envoie suivre en 1970 une année à l’Institut d’Études théologiques, à Egenhoven-Heverlée. Cette année, la ville universitaire est secouée par les mobilisations étudiantes pour la défense du statut des étudiants étrangers. Le slogan « université de classe » du mouvement étudiant l’amène à réfléchir sur le capitalisme. Impressionné par la pertinence des écrits marxistes d’Ernest Mandel[4] et l’actualisation de ceux-ci à la société capitaliste contemporaine, suite à des contacts avec lui, il s’intéresse à la Ligue révolutionnaire des travailleurs (LRT) et crée une cellule LRT à Louvain. Comme tout militant de base, il distribue des tracts ainsi que le « sulfureux » Petit livre rouge des écoliers et des lycéens [5]. En août 1971, son supérieur décide de l’envoyer à Liège, au collège Saint-Servais. Michel Capron refuse et quitte la Compagnie de Jésus. Il s’installe au Centre religieux universitaire (CRU) de Louvain[6] et gagne sa vie en dactylographiant des travaux d’étudiants.

    • Engagement professionnel : la FOPES, une expérience inédite de formation universitaire

Libre de tout engagement religieux, il postule, fin 1971, pour le poste d’assistant à la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université catholique de Louvain, pour un projet précis : lancer un programme d’études à destination des travailleurs et militants ouvriers, la future licence en sciences politique, économique et sociale, ainsi qu’installer une nouvelle faculté, la Faculté ouverte de politique économique et sociale (FOPES). Dans sa candidature, Michel Capron précise :

« Je pense que ces différents cours [suivis pendant sa licence en économie] ont pu me donner une sérieuse formation théorique et même s’ils n’étaient pas directement orientés vers la pratique et les problèmes actuels plus immédiats, les réflexions et études que j’ai pu faire dans leur prolongement ont pu permettre une plus grande attention aux problèmes économiques concrets qui se posent dans notre pays. En toute hypothèse, pouvoir travailler à l’élaboration d’un programme de politique économique dans une optique nouvelle m’intéresse très fortement »[7].

Son contrat d’assistant débute le 1er février 1972. Avec Pierre de Saint-Georges[8], engagé en mai 1972, ils préparent le projet de Faculté ouverte en politique économique et sociale, ce qui suppose l’élaboration du programme, de la méthode d’enseignement à des adultes en reprise d’études, mais également une préoccupation sur la méthodologie des mémoires.[9] La FOPES démarre en 1974 avec quatre groupes : Louvain-la-Neuve, Bruxelles, Namur, Charleroi auxquels se rajoutent Liège et Soignies[10].

Dès mars 1972, Michel Capron est animateur-formateur dans le groupe ISCO de Couvin et donne le cours de méthode et recherche en sciences sociales. Il anime un séminaire de travaux pratiques sur la démarche du mémoire. Toujours avec Pierre de Saint-Georges, il assure aussi des accompagnements de mémoire à l’Institut des sciences du travail.

Après 1974, la mission de Michel Capron évolue et prend une orientation pédagogique : publication de notes de cours à l’intention des étudiant.e.s et des chercheurs et chercheuses, constitution d’une documentation en politique économique et sociale répondant aux besoins de connaissances des étudiant.e.s sur des questions contemporaines (crise économique, réforme de l’entreprise, planification, autogestion) et recherche de matériaux pédagogiques adaptés à des adultes. Son contrat d’assistant s’arrêtant en 1978, il devient le responsable du Service du matériau pédagogique qu’il a contribué à lancer, et cela, jusqu’à son départ à la retraite, le 30 juin 2006. Cette pratique quotidienne de recherche d’informations et la publication de dossiers thématiques utiles aux étudiant.e.s FOPES[11] le placent au cœur de l’actualité économique et des enjeux contemporains. C’est une force, reste à trouver la bonne stratégie de communication.

    • Un couple engagé

Sa vie professionnelle assurée, Michel Capron épouse le 2 septembre 1972, Monique Kempeneers née à Etterbeek, le 12 octobre 1949. Ils se sont rencontrés au Centre religieux universitaire (CRU) de Louvain. Psychologue, Monique kempeneers trouve un emploi à Charleroi. Le couple s’installe dans une maison communautaire à Marchienne-au-Pont avant de déménager à Montigny-le-Tilleul. Le couple a trois enfants : Brigitte, née à Charleroi, le 19 avril 1975, Cédric, né le 21 décembre 1976, Ariane, né le 16 mai 1979. Michel Capron décède à Montigny-le-Tilleul, le 25 mai 2013.

Quand il s’installe à Charleroi, Michel crée la section locale de la LRT avec des militants ouvriers verriers. Le couple partage le même engagement militant. Leur domicile à Marchienne-au-Pont devient le contact LRT pour Charleroi[12]. Monique Kempeneers se souvient de la stencileuse qui tournait sans cesse et des nombreux militants qui logeaient chez eux, pour être prêts pour la distribution des tracts devant les usines ou rejoindre les actions et manifestations ouvrières. À la LRT, Michel Capron adopte le pseudo de Max.

    • Le militant de la Ligue révolutionnaire des travailleurs (LRT)

En 1971, Michel Capron est membre de la Ligue révolutionnaire des travailleurs (LRT), qui vient d’avoir, en juin 1971, son congrès de refondation[13]. La LRT a des sections à Anvers, Bruxelles, Liège, Gand, Louvain, Mons, Mouscron. Son domicile, place Hoover, n°9 qui est aussi le siège du CRU, devient le contact LRT pour Louvain. Quand il s’installe à Charleroi, Michel devient Secrétaire régional et siège au Comité central jusqu’en 1976, année du quatrième congrès de la LRT. Pierre de Saint-Georges témoigne de cette période où Michel Capron, avant d’arriver au bureau à Louvain, a déjà distribué des tracts devant les usines :

« L’engagement sociopolitique n’a jamais été un vain mot. Il y a chez lui une vision des inégalités dans la société qui conduit à une indispensable action. […] Il n’était pas rare en effet qu’avant d’arriver à Louvain, il soit allé distribuer à la sortie de la pause de nuit et à l’arrivée de celle du matin aux portes des usines de Charleroi. Un militantisme effectif, très différent des discussions un peu mondaines sur la révolution socialiste (comme on disait à l’époque) qui devait apporter au monde entier le changement, mais qui pour cela devrait être à la fois ” simultanée et globale” »[14].

Michel Capron collabore à l’hebdomadaire La Gauche. De 1975 à 1980, il signe ses papiers M. C. ou Michel Capron, avec la date de la rédaction. Il y publie quasi chaque semaine un article.

En janvier 1976, la LRT lance 30 nouvelles sections locales et inaugure des locaux à Charleroi, Liège et en 1977 à Gand[15]. À Charleroi, Michel Capron et deux dirigeants, Jean-Marie Kempeneers (son beau-frère) et Alain Tondeur[16], fondent une ASBL, La taupe rouge, dont l’objet social est l’organisation d’activités culturelles et de formation en économie marxiste. Le siège de l’ASBL est situé au numéro 60 de la rue du Grand Central à Charleroi.[17] Ce local-librairie, inauguré en décembre 1976, est le lieu de rencontre des militants. C’est un pas de plus pour assurer la présence de la LRT à Charleroi, « faciliter les interventions et populariser le programme de lutte »[18]. Michel Capron est très actif au niveau local où il mobilise sa plume. Il est éditeur responsable de La taupe rouge, feuille d’intervention politique de la LRT-Charleroi, plutôt destiné à un public de jeunes, du bulletin hebdomadaire, Liaison rouge, édité par la section Charleroi et Namur de la LRT[19],  ainsi que de plusieurs journaux d’usine dont ACEC-Rouge, Bulletin de la LRT.

« La taupe rouge », La Gauche, n° 2, 12 janvier 1977, p. 7.

La LRT sous l’impulsion du 11e congrès mondial de la IVe Internationale (1976) opère un tournant ouvriériste pour élargir la base militante du parti. La consigne devient : « retour à l’usine » ce qui pour la grande majorité des militants LRT implique un changement radical de vie. Michel Capron qui a des enfants, une profession intellectuelle engagée, fait partie du groupe qui perçoit cette nouvelle orientation comme autant de perturbations de leur vie[20]. Il n’est pas prêt à suivre.

Fin des années 1970, ses positions entrent en tension avec celles défendues par le Bureau politique de la LRT : la dégradation de l’économie et une certaine résignation du milieu ouvrier remettent en question pour lui le principe de la révolution et du Grand Soir, les militants intellectuels envoyés dans le monde ouvrier sans aucune formation, la FGTB comme unique relais syndical de la LRT alors qu’il constate que, au sein de la Centrale nationale des employés (CNE), des combats sont possibles, etc. Michel prend ses distances avec le mouvement.

Premier membre du Bureau politique de la LRT à avoir des enfants, l’engagement total qu’exige le mouvement, entre en tension avec sa conception de la vie familiale, qui de fait entraîne moins de disponibilité. Le couple Michel et Monique analyse les contradictions entre leur idéal d’engagement et leur projet d’éducation. Ils publient leurs réflexions sous le titre Les militants et leurs enfants[21]. Ces articles suscitent des réactions : enfin, le mouvement publie un dossier-vérité sur la réalité des familles de militant.e.s[22]. En 1981, il quitte cette deuxième « église ».

FORCADELL, publiée dans F. Vinteuil, « Militer sans mythologies », Militantisme et vie quotidienne, Critique communiste, n° 11-12, décembre 1976-janvier 1977, p. 65
FORCADELL, publiée dans Vinteuil F., « Militer sans mythologies », Militantisme et vie quotidienne, Critique communiste, n° 11-12, décembre 1976-janvier 1977, p. 65
    • L’engagement syndical

Michel se tourne aussi vers l’action syndicale. Ses contacts avec les syndicats sont multiples. Le public cible de la FOPES sont les travailleurs et travailleuses, engagé.e.s au sens large, dans le mouvement ouvrier. Il est, avec d’autres, fondateur de la section syndicale de l’UCL, affiliée à la Centrale nationale des employés (CNE) qu’il préside de 1982 à 1986. Dès 1972, il coordonne la section syndicale du personnel scientifique à l’UCL et mène un combat pour sa reconnaissance par les instances de l’UCL. À chaque élection sociale, il est régulièrement élu au conseil d’entreprise et à la délégation syndicale. [23].

À partir de 1982, il participe au Comité CNE de Charleroi et est coopté comme délégué CNE au Comité fédéral interprofessionnel de la CSC. En 1984, il devient membre du Bureau de la CSC de Charleroi avec comme secrétaire fédéral, Jean-Marie Lepage. Les tensions avec ce dernier se multiplient : l’affaire des ouvrières de Bekaert-Cockerill (1982), le conflit des aides familiales. Le licenciement de la permanente du service syndical des femmes, Danielle Mercier, est l’acte de trop. Michel Capron qui ne supporte pas l’injustice sociale à l’encontre des travailleurs et travailleuses, démissionne de la CSC de Charleroi.

    • Un engagement pour Charleroi et la Région wallonne

De 1984 à 1988, Michel Capron, sur proposition du Rassemblement populaire wallon, mouvement auquel il s’est affilié, est mandaté au conseil d’administration de la Société régionale d’investissement de Wallonie (SIRW). Cette société est créée en 1979 par la Région wallonne, pour fournir des capitaux aux entreprises non cotées en bourse. Il ne prolonge pas l’expérience. Michel, souligne Monique Kempeneers, « ne supportait pas la compromission et l’hypocrisie dans les relations sociales »[24]. Vers 1985, il rejoint le Groupe BY (du nom de Max Bastin et Jacques Yerna), groupe pluraliste, créé dans la foulée de l’appel de Léon Collard pour le rassemblement des progressistes (1er mai 1969). À partir de 2000, il lance la section locale ÉCOLO à Montigny-le-Tilleul. Avec la participation des Verts aux différentes majorités gouvernementales, Michel Capron est sollicité et accepte des missions, en lien avec son expertise dans la sidérurgie wallonne.

L’information, une arme de combat

Michel Capron qui se lève chaque matin à 4 heures, rencontre les travailleurs devant les usines, lit les journaux et collationne au jour le jour, les nouvelles sur l’activité financière, économique et sociale de divers secteurs industriels : verrerie, métallurgie, sidérurgie, fabrication métallique, aviation, charbonnages, etc. Il accumule ainsi une connaissance sur l’évolution industrielle de la Wallonie en particulier.

Michel Capron est un écrivain prolifique. Outre ses contributions régulières à La Gauche, il publie à partir des années 1980, dans La Revue nouvelle où il tient quasiment chaque mois, une chronique et publie un grand nombre d’articles. Il entre dans le comité de direction de la revue en 1983 jusqu’en 1989 et est membre du comité de rédaction jusqu’à son décès. Il publie régulièrement dans Contradictions, L’Année sociale, la revue annuelle de l’Institut de sociologie de l’ULB, Vlaams marxistisch tijdschrift, pour ne citer que les principales. Il publie en français, néerlandais, en allemand et en anglais ! Depuis 1987, il est collaborateur au Centre de recherche et d’information sociopolitique (CRISP) avec un premier Courrier hebdomadaire consacré aux charbonnages du Limbourg[25]. D’autres suivront[26]. À partir de 2010, il copilote le collectif GRACOS, dont l’objet est d’analyser annuellement les principaux conflits sociaux[27]. Il dirige et publie, au CRISP toujours, un ouvrage collectif sur les relations collectives en Belgique après la Seconde Guerre mondiale[28]. Michel Capron poursuit inlassablement de multiples manières, son objectif de donner aux travailleurs les clés de lecture de ce qui se passe dans le capitalisme mondialisé. Il traque les mouvements dans l’actionnariat et propose une analyse de ces situations mouvantes, souvent préludes de restructurations dont les travailleurs et travailleuses sont les premières victimes.

Dès son engagement à la LRT, avec sa solide formation, il devient un des experts de la LRT dans le domaine économique. Sollicité par l’organisation, il réalise une analyse de l’évolution de la société Glaverbel et les enjeux stratégiques de la multinationale française BSN. André Henry, délégué principal FGTB de Glaverbel-Gilly, dans son témoignage sur son engagement syndical à Glaverbel, souligne l’impact de cette étude pour l’action syndicale :

« Michel Capron, un camarade économiste et militant de la LRT préparait un réquisitoire implacable contre la multinationale française BSN-Gervais-Danone[29], intitulé BSN en procès. Ce dossier à charge démontrait la stratégie économique de la multinationale française : la rationalisation globale de son secteur verrier face à la concurrence de deux autres groupes verriers puissants, Saint-Gobain-Pont-à-Mousson et Pilkington brothers. En prenant le contrôle de Glaverbel en 1972, BSN s’était contenté de pomper le maximum de bénéfices en exploitant notre main-d’œuvre, en augmentant les cadences, en diminuant l’emploi et en bénéficiant des subsides de l’État. En fait, comme le démontrait très bien BSN en procès, la multinationale, après nous avoir bien exploités, voulait se débarrasser de son secteur verre plat pour investir dans son secteur le plus juteux : l’alimentation, les boissons, les produits laitiers… Michel Capron nous apprenant ainsi que BSN allait fermer quatre fours en Allemagne, deux en France et trois en Belgique »[30].

Dans la conférence de presse consacrée à la présentation du dossier BSN en procès, cet enjeu est mis en avant :

« Dans la bataille que mènent les travailleurs de Gilly contre BSN-Glaverbel, le mouvement ouvrier doit occuper tous les terrains pour battre le patronat. Il y en a un où les travailleurs partent presque perdants d’avance : celui de l’information. Le capitalisme protège avec acharnement ses “coins insalubres” grâce au secret industriel, bancaire et commercial ; ainsi il peut prétendre n’importe quoi quant à la véritable situation financière des firmes. […] Ce dossier fourmille de renseignements sur les intentions réelles de BSN et permet de prédire la politique économique que la multinationale va ” appliquer ” aux travailleurs de Gilly. […] Ce dossier est une arme de combat pour les travailleurs dans la nouvelle phase de leur lutte, celle où il faut savoir répondre au tac au tac aux arguments du patronat et de la bureaucratie syndicale » [31].

La Gauche, n° 9, 27 février 1975.

Dans ses articles, Michel Capron revient régulièrement sur ce constat : la classe ouvrière n’a pas les informations critiques qui lui permettent de maîtriser son avenir. Elles restent entre les mains du Capital. De plus les syndicats ne jouent pas leur rôle d’informer correctement les travailleurs quand ils ont vent des plans de restructuration et ils ne les mobilisent pas pour instaurer un rapport de force en faveur de la classe ouvrière. Il entreprend ce travail de suivi économico-financier pour la multinationale les ACEC, fleuron de l’industrie des fabrications métalliques.

Le dossier ACEC-WESTINGHOUSE

En 1971, La Gauche publie un important dossier sous le titre « Intégration européenne et pénétration américaine, un bel exemple : les ACEC-Westinghouse »[32]. Il appelle toutes ses forces militantes à soutenir la grève qui se déclenche pour le maintien de l’emploi. Les numéros des 2 et 9 juillet sont quasiment entièrement consacrés à l’évolution du conflit. Les articles de ce dossier ACEC sont signés « un correspondant ». Ce n’est sans doute pas Michel Capron. Il mentionne sa collaboration avec l’hebdomadaire La gauche à partir de 1975, mais il est abonné et distribue, comme tout militant, les tracts et le journal.

Tract publié dans La Gauche pour soutenir les grévistes des ACEC, 2 juillet 1971.

En 1975, dans le cadre d’une réorganisation de la LRT, Michel Capron devient membre du Secrétariat national des cellules ouvrières et anime également la cellule ouvrière de Charleroi. Ce sont des lieux stratégiques pour définir la ligne de conduite de la LRT dans les luttes ouvrières et organiser les mobilisations. La multinationale ACEC fait régulièrement la Une de l’actualité. C’est le fer de lance du combat syndical dans le bassin carolorégien. Il suit au jour le jour, la situation des ACEC, les propositions gouvernementales, les revendications du front commun syndical des ACEC, les positions du front politique (PC-PSB-MOC) et apporte sa contribution à la position de la LRT, à savoir la nationalisation sous contrôle ouvrier des ACEC[33]. Il prolonge l’essai par la rédaction d’articles qui sont publiés dans La Gauche où il attire l’attention des lecteurs sur les changements dans l’actionnariat des ACEC, signe avant-coureur de changement d’orientation et tire la sonnette d’alarme :

« On parle beaucoup ces dernières semaines d’un rapprochement entre les ACEC et le groupe français Jeumont-Schneider (où le groupe Empain est majoritaire). La direction des ACEC ne nie pas la possibilité d’une reprise de la coopération avec Jeumont-Schneider et ajoute “de même […] est-il prématuré de définir les domaines dans lesquels des rationalisations pourraient intervenir, quelles en seraient les modalités et leurs répercussions sociales éventuelles”. Il est donc plus que probable qu’une fois encore les ACEC feront l’objet de tractations financières entre Westinghouse et le groupe Empain, tractations qui impliqueront sans nul doute de nouvelles rationalisations, c.-à-d. l’accentuation des attaques patronales contre l’emploi »[34].

L’analyse qu’il fait du chiffre d’affaires, du bénéfice net et de l’emploi sur les cinq dernières années, de la situation du Groupe Empain et du Groupe Westinghouse aux États-Unis, la connaissance qu’il a du carnet de commandes, lui permet de décoder les stratégies à l’œuvre dans ce possible rapprochement :

« Il n’est pas impossible que le groupe Empain cherche à consolider son poids dans le secteur des composantes nucléaires en reprenant le contrôle des ACEC… Le carnet de commandes est de plus rempli : des automotrices pour le Brésil, des transformateurs et condensateurs pour l’Iran, des commandes de matériel pour les 6 centrales nucléaires de France et pour deux centrales nucléaires en Belgique ! soit un montant de 13,2 milliards de francs belges »[35].

Pour lui, le Groupe Empain s’oriente sans doute vers la reprise des secteurs rentables des ACEC : la production en grosse mécanique et en matériel nucléaire, en s’allégeant des secteurs de productions des ACEC qui ne l’intéressent pas (pompes centrifuges, équipement ménager) avec comme conséquence pour les travailleurs, des rationalisations, des fermetures de secteurs. Cette décision stratégique porte en elle la menace sur l’emploi.

Il constate que les organisations syndicales se plaignent de ne pas être informées, d’être mises devant le fait accompli et de n’avoir aucune prise sur les négociations qui se déroulent. « Cela n’a rien d’étonnant », souligne Michel Capron, « les capitalistes ne livrent leurs informations que sous la pression d’un rapport de forces et de la mobilisation des travailleurs. Face à de telles manœuvres patronales, la seule réponse efficace est celle de la mise en pratique du contrôle ouvrier, par l’ouverture des livres de comptes patronaux.[36] » Et il fait référence aux travailleurs de LIP qui, en ayant accès aux comptes de l’entreprise, ont compris le démantèlement qu’ils allaient subir. Il invite les travailleurs à rester vigilants. Le patronat n’a pas respecté les promesses de garantie de l’emploi fait en 1971. Ils doivent exercer un contrôle permanent sur les accords qui seront sans doute négociés et recourir à l’action directe.

Dessin de Gaucho pour l’article M. C. « ACEC, S’opposer aux manœuvres patronales », La Gauche, 15 mai 1975, p. 4.

Sur la stratégie syndicale, Michel Capron dénonce le manque de combativité des syndicats, leur pesanteur administrative et le modèle de concertation avec l’État ou avec le patronat. Il plaide pour une réelle démocratie syndicale, avec constitution aux ACEC, d’une assemblée générale des travailleurs réunissant tous les secteurs, avec l’élection des délégués et la constitution d’un comité de grève. Il plaide pour un syndicalisme de combat anticapitaliste. Dans une entreprise comme les ACEC, c’est possible. L’exemple des verriers de Glaverbel-Gilly est la preuve qu’une mobilisation de tous les travailleurs peut faire reculer le patronat. Il plaide pour le contrôle ouvrier sur la gestion patronale, et si nécessaire la nationalisation des entreprises sans indemnisation du capital, contrairement aux communistes qui plaident pour la mise en place aux ACEC d’une régie mixte, État et capital privé :

« Il n’y a pas dix façons de s’attaquer de front à la bourgeoisie capitaliste qui prétend disposer du sort des ACEC comme elle l’entend. C’est par la nationalisation sans indemnisation et sous contrôle ouvrier du groupe Empain qu’un premier coup peut être porté par la classe ouvrière aux ACEC au pouvoir capitaliste sur l’entreprise. Camarades des ACEC, restez vigilants et prêts à répondre à la moindre attaque patronale contre les acquis que vous avez chèrement obtenus par vos luttes antérieures.[37] »

Sur le terrain, il s’implique avec la section LRT de Charleroi, pour soutenir l’action menée aux ACEC. Une section ACEC est mise sur pied. Il publie un bulletin d’entreprise ACEC -ROUGE, où il fait le point sur la stratégie de la multinationale, dossier à diffuser largement auprès des ouvriers et des employés et envisage une brochure sur l’évolution des ACEC, à éditer à la Fondation Léon Lesoil.

ACEC-ROUGE, bulletin de la LRT, IHOES, Seraing, Fonds Michel Capron, Liaison rouge, périodique mensuel, n° 21, novembre 1976, annexe.
Nationalisation sous contrôle ouvrier des ACEC, LRT, IHOES, Seraing, Fonds Michel Capron, ACEC, chemise 261 a, boite 302, manuscrit de Michel Capron et tract édité, 1976.

Pendant les 13 semaines de grèves de février au 14 juin 1979 pour les 36 H et le maintien de l’emploi, les militants LRT distribuent des tracts aux portes de l’usine, quand c’est possible, mais leur influence est quasi nulle vu le peu de présence ouvrière sur place. Robert Dussart, le président communiste de la délégation FGTB des ACEC Charleroi n’entend pas s’ouvrir à l’extrême gauche. De même, il n’est pas très favorable à une lutte commune avec les employés qu’il considère un peu rapidement comme le relais des positions de la direction chez les travailleurs. La LRT, quant à elle, appelle, dans ses tracts, dans ses journaux, à l’unité des ouvriers et des employés, en front commun syndical. Michel Capron plaide pour une mobilisation participative des grévistes, avec assemblée générale, élection de comités d’action et élargissement des solidarités aux autres usines en lutte, seul moyen pour contrer rapidement le front patronal, mais ce n’est pas dans les intentions des dirigeants syndicaux qui ne voient pas l’intérêt d’une mobilisation interprofessionnelle pour le sort de cette usine, alors qu’ils pensent en avoir le contrôle syndical.

Dans son analyse du conflit de 1979, Adrian Thomas reconnait que quatre assemblées générales en treize semaines de grève, c’est peu, mais l’intersiège de la FGTB s’est réuni 27 fois et un piquet a été organisé chaque matin. Une cinquantaine d’ouvriers, d’employés, de délégués, de permanents syndicaux, régionaux et nationaux, s’y rejoignent et aucun salarié n’a essayé de le franchir. La grève, constate-t-il, « a été un marathon à endurer sur un temps long, sans s’épuiser, et non un sprint »[38]. Michel Capron ne partage pas du tout ce point de vue sur la méthode qu’il qualifie de « grève par le vide » avec un piquet symbolique ou tout le monde reste chez soi. « Il faudrait tout de même qu’un jour R. Dussart et ses camarades comprennent » écrit-il, « que la grève en pantoufles avec piquets symboliques a fait son temps et qu’il faut appliquer des formes de lutte qui mobilisent l’ensemble des travailleurs des ACEC »[39]. Dans chacun de ses articles consacrés aux ACEC, il souligne le manque de riposte interprofessionnelle, le manque de solidarité et l’absence de démocratie syndicale. Comme bilan de la grève, il observe que les 37h30 sont une vraie victoire, mais rien n’a été réglé au niveau de l’emploi et il appelle les travailleurs à la vigilance face à la riposte patronale qui pourrait très bien mettre en place des licenciements par « petits paquets »[40].

En 1980, il commente dans La Revue nouvelle, l’accord sur les 36 heures et s’interroge : après une grève dure et longue au printemps 1979 pour arracher les 37h30, quels avantages trouve le patronat des ACEC à « offrir » aussi facilement les 36 heures, en 1980 ? [41] La grève de 1979 a coûté cher, l’entreprise affiche un bilan négatif et le carnet de commandes est rempli. Il en déduit que la direction ne peut plus se permettre un nouveau conflit social et espère que cette avancée sociale, les 36 heures dans cette grande entreprise, un fleuron industriel, fera tache d’huile.

Les ACEC sont une entreprise multinationale, dans un secteur qui est encore dans les années 1980, porteur d’avenir et engendre de grands profits capitalistiques. Fidèle à sa méthode de travail, il compile au jour le jour, un dossier documentaire retraçant toute l’évolution des ACEC. Après 1980, c’est à La Revue Nouvelle qu’il confie ses observations sur l’évolution de l’entreprise, sur la dislocation de cet ensemble industriel par secteurs et les menaces qui pèsent toujours sur l’avenir des ACEC[42].

Les années 1970 sont témoins de nombreuses mobilisations. Outre Glaverbel et les ACEC, d’autres entreprises ou secteurs industriels retiennent son attention. Il analyse les mutations du capital, les plans d’investissement, les restructurations et pertes d’emplois, mais aussi la conflictualité et les nouvelles formes que celle-ci prend au cours de ces années de mutation du paysage industriel (Europe, internationalisation, capitalisme financier, etc.). À la demande de la LRT , il rédige un dossier sur la sidérurgie wallonne[43] et un dossier sur Cockerill-Sambre, la Vérité sur Cockerill-Sambre, reprenant la position politique de la LRT pour soutenir la mobilisation syndicale et la maîtrise de ce dossier complexe par les militants. Il dénonce la restructuration de la plus grande entreprise sidérurgique du pays, sa filiation et son démantèlement à terme, avec la privatisation des filiales les plus rentables et la socialisation des pertes financières et de l’emploi. L’alternative est pour lui, la nationalisation immédiate de Cockerill-Sambre. Ce dossier comme celui des ACEC, des charbonnages du Limbourg, etc. sont la base des Courriers hebdomadaires du CRISP qu’il publiera plus tard.[44].

Conclusion :  un intellectuel, un expert, un scientifique rigoureux, au service de la classe ouvrière

Michel Capron est un intellectuel militant qui met sa maîtrise des matières économiques et sa capacité d’analyse sur les stratégies des entreprises, au service de la classe ouvrière. Lors de son parcours, Michel Capron tourne le dos à deux sectarismes, l’un présent à la Compagnie de Jésus et l’autre à la LRT, mais aussi à une certaine utopie révolutionnaire. Il s’investit dans le groupe BY, à la Revue nouvelle, au CRISP, et, plus tard à Écolo. Ses nombreuses contributions tant sur le syndicalisme, sur la concertation sociale et sur les conflits sociaux attestent qu’il opte pour une approche réformiste dans le sens scientifique du mot, un réformisme critique et engagé. Selon son analyse, cela n’empêche cependant pas la nécessité de créer un rapport de forces pour obtenir les informations utiles aux travailleurs. Ses travaux mettent en avant l’importance de la concertation sociale comme vecteur et institution de la démocratie sociale. « On sait, souligne Pierre Reman, qui a copiloté plusieurs projets avec lui, que la concertation sociale est au cœur du clivage révolutionnaire réformiste, les révolutionnaires considérant que celle-ci est un appareil de reproduction des rapports sociaux capitalistes, les réformistes considérant au contraire qu’il s’agit d’un mode de décision démocratique en rupture avec les logiques marchandes »[45]. Son expertise, rigoureuse et précise, est reconnue par tous les interlocuteurs sociaux, tant sur les bancs des travailleurs qu’auprès de quelques personnalités patronales. Sa force réside, dans son travail militant comme dans ses travaux scientifiques[46], dans l’actualisation en permanence ses dossiers ce qui lui permet de garder le fil des évolutions et observer les mutations pour les partager, toujours avec le même objectif : l’information est une arme à mobiliser par les travailleurs pour mener leurs combats, hier comme demain, le régime capitaliste n’ayant pas encore été aboli.

Notes

[1] Nous avons privilégié la contribution de Michel CAPRON aux luttes des travailleurs et travailleuses des ACEC passant sous silence ses nombreux autres sujets d’analyses et engagements. Une notice biographique complète est en préparation pour le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier en Belgique (DBMOB), accessible en ligne : https://maitron.fr/spip.php?mot2333.
[2] CAPRON M., Recherche sur la valeur économique des systèmes de traitement électronique de l’information, Namur, Facultés universitaires Notre-Dame-de-la-Paix, 1969.
[3] Jef Ulburghs (Zolder 1922-2010), ordonné prêtre, le 29 juin 1947 (Évêché de Liège). Il est nommé vicaire, puis exerce la charge de curé à Grâce-Berleur de 1947 à 1962 et d’aumônier des œuvres sociales à Seraing de 1962 à 1969. Pendant ces années (1962-1966), il suit la formation à l’Institut supérieur de culture ouvrière (ISCO) dans le premier groupe de Liège, où il décroche un graduat en sciences sociales du travail cosigné par les Facultés Notre-Dame de la Paix de Namur. Il prolonge ses études avec une licence en sciences politiques et sociales à la KUL. Rattaché à l’évêché du Limbourg à partir de 1969, il est pionnier dans le travail communautaire et fonde les Wereldscholen, centre de formation et d’action, qu’il préside de 1969 à 1983. Pacifiste, altermondialiste, il poursuit par un engagement politique, au sein d’AGALEV et occupera divers mandats : conseiller communal à Genk, député européen, sénateur et député au Parlement flamand. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la démocratie et l’autogestion dans l’éducation populaire. ULBURGHS J., Pour une pédagogie de l’autogestion, Manuel de l’animateur de base, Bruxelles, Édition Vie ouvrière, 1980. En ligne : ODIS : https://www.odis.be/hercules/search2.php?searchMethod=simple&search=Jef%20Ulburghs%20 (consulté le 5 avril 2022).
[4] MANDEL Ernest (1923-1995), auteur de Der spätkapitalismus – Le troisième âge du capitalisme, Francfort, 1972, est professeur en économie à l’Université libre de Bruxelles (ULB) et dirigeant trotskyste de la IV Internationale et donc de la LRT. Il est un des cofondateurs du journal La Gauche. Michel Capron a lu ce texte dans sa version allemande. Information donnée par Jean-Marie Kempeneers que nous remercions.
[5] ANDERSEN, B. D., HANSEN S., JENSEN J., Den lille rode bog for skoleelever, 1969, traduit en français sous le titre Le Petit Livre rouge des écoliers et lycéens, Bruxelles, Editions Candides, 1969 et en 1970 par le Centre national belge d’information des jeunes (Infor-jeunes), Bruxelles. L’ouvrage sera interdit à plusieurs reprises.
[6] CRU, Place Hoover n°9, 3000 Louvain. C’est aussi l’adresse de contact LRT à partir de 1971.
[7] Archives UCL, Dossier Capron M., 1971. Avec tous nos remerciements, pour l’accès à ce dossier.
[8] Pierre de Saint-Georges termine une licence en philosophie et lettres romanes en 1968. Il est agrégé de l’enseignement secondaire supérieur et obtient, en 1969, une licence en communication sociale. Il occupe le poste d’assistant à la Fondation Travail Université (FTU) en 1970, contrat interrompu par son service militaire (1971-1972). Libre de service, il entre en mai 1972 à l’Institut des sciences du travail (Unité CEAD) pour préparer avec Michel Capron, la FOPES. Il est également professeur de méthode à l’ISCO, de 1972 à 1974. En 1974, il est assistant et animateur FOPES, fonction qui évoluera pour devenir le conseiller à la formation. Après sa thèse, il poursuit une carrière académique comme enseignant et coordinateur à la FOPES. (IHOES, Fonds Michel CAPRON, Boite 105, ACEC 1977-1981, chemise 100B).
[9] de SAINT-GEORGES P. et CAPRON M., « La faculté ouverte de politique économique et sociale », La revue nouvelle, mai-juin 1974, p. 466-474 ; de SAINT-GEORGES, P. « Rencontre dans un grenier », La lanterne magique, « Hommage à Michel Capron », juin 2014, p. 3.
[10] Voir MACHIELS C. (coord.), Former des adultes à l’université. La Faculté ouverte de politique économique et sociale (FOPES) 1974-2016, Louvain-la-Neuve, UCL Presses universitaires de Louvain, 2017.
[11] Les publications de Michel Capron à la FOPES sont reprises sur le site de la FOPES. Il a également accompagné de nombreux mémoires d’étudiants : https://uclouvain.be/fr/facultes/espo/fopes, page consultée le 5 avril 2022.
[12] La Gauche, 15 septembre 1972 ; La Gauche, 21 décembre 1972, p. 3.
[13] La Gauche, n°22-23, 4 juin 1971.
[14] « Hommage à Michel Capron », La lanterne magique, n°30, juin 2014, p. 3.
[15] HUPKENS S., La Ligue révolutionnaire des travailleurs (LRT), 1971-1984, 2017 (Courrier hebdomadaire du CRISP, n°2335-2336), p. 51.
[16] Il est membre du Bureau politique de la LRT/RAL (Ligue révolutionnaire des travailleurs/Revolutionnaire arbeiders ligua), section belge unifié, qui deviendra en 1984, POS/SAP (Parti ouvrier socialiste/Socialistische arbeiderspartij), puis la LCR/SAP (Ligue communiste révolutionnaire/Socialistische arbeiderspartij)..
[17] IHOES, Seraing, fonds Michel Capron.
[18] Liaison rouge, n°18-19, juillet-août 1976.
[19] Section belge de la IVe Internationale, édition Charleroi, 1974-1976.
[20] HUPKENS S., La Ligue révolutionnaire…, p. 60.
[21] « Les militants et leurs enfants. 1. La crèche », La Gauche, n°29, 2 août 1979, p.7 ; « 2. L’école maternelle », La gauche, n°30, 9 août 1979, p. 8, « 3. Un autre engagement militant », La Gauche, 23 août 1979, p. 8.
[22] « À propos de l’article Enfants et militantisme », La Gauche, n°37, 27 septembre 1979, p. 2.
[23] Sur la section syndicale CNE-UCL, voir PALANGE J., « Chronique de 40 ans de concertation sociale dans l’université », VALENDUC G.(dir.), Pouvoirs et contre-pouvoirs et concertation sociale dans les universités, Louvain-la-Neuve, UCL-Presses universitaires de Louvain, 2014, p. 137-182.
[24] Rencontre entre Marie-Thérèse Coenen, Pierre de Saint-Georges, Pierre Reman, Monique Kempeneers, Namur, 17 janvier 2022.
[25] CAPRON M., Les charbonnages du Limbourg, 1987/6 -1987/8 (Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 1151-1152-1153).[26] Voir à ce propos : Cockerill (Courrier hebdomadaire du CRISP, n°  1253 et 1719), ACEC (Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1447), Clabecq (Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1529), Sabena (Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1757, Automotive Fleurus (Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1884), Sidérurgie wallonne (Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1789), L’accord interprofessionnel (Courrier hebdomadaire du CRISP, n°2019), Les conflits dans le groupe AB INBEV (Courrier hebdomadaire du CRISP, n°2090), L’échec des accords interprofessionnels 2011 (Courrier hebdomadaire du CRISP, n°2101), tous consultables sur https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp.htm.
[27] Quelques centres de recherche accordent une attention soutenue aux luttes sociales. De 1960 à 2007, L’année sociale, une publication de l’ULB, recense les principaux évènements sociopolitiques, y compris les conflits collectifs d’une certaine ampleur. Le Bulletin de la fondation André Renard (1972-2002) publie une chronique des grèves. À partir de 2011, le CRISP, qui publiait des monographies sur des conflits significatifs, publie sous un nom collectif, Iannis Gracos, un état des conflits qui se sont déroulés au cours de l’année et qui permette de suivre l’évolution des tensions sociales. Michel Capron participe à ce collectif et c’est sur sa proposition que le collectif porte ce nom en référence aux luttes du peuple grec contre les mesures d’austérité qui lui sont imposées depuis 2010.
[28] ARCQ É., CAPRON M., LÉONARD É. et REMAN P. (dir.), Dynamiques de la concertation sociale, Bruxelles, CRISP, 2010. Les contributions de Michel Capron dans les ouvrages collectifs seront reprises dans la notice biographique intégrale du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier en Belgique (DBMOB). www.maitron.fr
[29] BNS active dans le secteur du verre s’est associé avec le groupe Gervais-Danone, intéressé par la gobeleterie.
[30] HENRY A., L’épopée des verriers du pays noir, Bruxelles-Liège, Formation Léon Lesoil – éditions Luc Pire, 2013, p. 117-118.
[31] La Gauche, 29 janvier 1971, n°4, p. 7-9.
[32] La Gauche, n° 27, 2 juillet 1971, p. 3 et 16 ; La Gauche, n°28-31, juillet 1971, p. 1.
[33] IHOES, Seraing, Fonds Michel Capron, LRT, pv. Secrétariat CMO, 13/5/1976.
[34] C[apron] M., « S’opposer aux manœuvres patronales », La Gauche, 15 mai 1975, p. 4.
[35] Ibidem.
[36] C[APRON] M., « ACEC on reparle du rachat par Empain », La Gauche, n°31, 24 juillet 1975, p. 2.
[37] C[APRON] M., « Le rachat des ACEC par Empain, une menace pour l’emploi », La Gauche, n°37, 2 octobre 1975
p. 4.
[38] ADRIAN T., Robert Dussart, Une histoire ouvrière des ACEC de Charleroi, Bruxelles, Éditions Aden, p. 323.
[39] CAPRON M., « ACEC, succès pour les employés, blocage chez les ouvriers », La Gauche, 18 mai 1979, p. 5.
[40] CAPRON M., « ACEC, une victoire, mais… des ombres subsistent au tableau », La Gauche, 21 juin 1979, p. 7.
[41] CAPRON M., « ACEC : les 36 heures début 1981 », La Revue nouvelle, février 1980, p. 196-198.
[42] CAPRON M., « ACEC : l’éclatement », La Revue nouvelle, février 1988, p.116-120 ; CAPRON M., « ACEC ou l’angoisse du lendemain », La Revue nouvelle, décembre 1988, p. 67-76.
[43] C[APRON] M., « Sidérurgie wallonne,1 », La Gauche, n° 22, 11 mai 1975,  p. 3 ; « Sidérurgie wallonne 2 », n°24, 30 mai 1975, p.3, « Sidérurgie wallonne 3 », n° 25, 5 juin 1975, p. 5.
[44] CAPRON M., Des ACEC à l’Union minière. L’éclatement d’une grande entreprise (1983-1992), Bruxelles, CRISP, 1994 (Courier hebdomadaire du CRISP, n°1447-1448), CAPRON M., Cockerill-Sambre : de la fusion à la privatisation. 1981-1989, Bruxelles, CRISP,1989 (Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 1253-1254).
[45] Pierre Reman est économiste et ancien directeur de la FOPES. Échanges autour de Michel Capron, 30 mars 2022.
[46] En 2006, la FOPES, le CERISIS, l’Institut des sciences du travail, la Chaire Max Bastin ont organisé un colloque en hommage à Michel Capron et Michel Molitor : Syndicalisme, concertation et conflit, Louvain-la-Neuve, 25 février 2006 où intervenaient entre autres, des Académiques et des dirigeants de la FGTB, de la CSC et de la FEB.

POUR CITER CET ARTICLE

Référence électronique

COENEN M.-T.., « Michel Capron – Dévoiler les stratégies capitalistes, une arme pour la classe ouvrière », Dynamiques. Histoire sociale en revue, n°18 : Militer en entreprise – une réalité polymorphe : l’exemple des ACEC, juin 2022, mis en ligne le 2 juin 2022. www.carhop.be/revuescarhop